Dès 1745, la Ville déborde des fortifications et le faubourg Saint-Laurent s'agrandit vers le nord.
En 1792, l'administration de la Ville de Montréal décide de porter à 100 chaînes (environ deux kilomètres) des fortifications les limites de la Ville.
Au nord, la montagne et la rue Duluth deviennent les nouvelles bornes de Montréal.
Seul le chemin Saint-Laurent mène vers les villages situés le long de la rivière des Prairies.
Avant de quitter la Ville, on traverse la Côte-à-Baron. C'est ainsi que l'on nomme les hauteurs de Montréal de part et d'autres de la rue Sherbrooke, des rues Durocher à Amherst.
Pas très loin à l'ouest, les hospitalières de Saint-Joseph détiennent une vaste propriété réservée à leur futur Hôtel-Dieu. Aux alentours, les terres concédées au début de la colonie ont été morcelées et vendues à des familles anglophones qui y construisent de vastes demeures entourées de jardins.
À l'est du chemin Saint-Laurent, le paysage plus rural présente de paisibles maisons de campagne au milieu des champs. Les terres sont immenses ; celle de M. Courville s'étend de la rue Sherbrooke à la rue Mont-Royal. On y trouve aussi les fermes de la bourgeoisie montréalaise connue, les Guy, Cherrier, Viger et Papineau. Leurs terres forment de longues bandes de même largeur se succédant jusqu'au chemin Papineau.
Le XIXe siècle
Vers 1850, la Ville de Montréal aménage un réservoir d'eau à l'emplacement actuel du square Saint-Louis pour approvisionner la population de la Côte-à-Baron. L'aménagement du square sera entrepris en 1880.
De son côté, le gouvernement fédéral achète la ferme Logan, site actuel du parc La Fontaine, pour en faire un terrain d'exercices militaires.
À l'extérieur de la ville, on a découvert, il y a plusieurs années, de la bonne pierre de construction. Rapidement, des familles se sont installées à proximité de la tannerie des Bellair, aux environs des rues Henri-Julien et Mont-Royal. De là, part le chemin qui mène aux carrières.
C'est de ces carrières que l'on a tiré la pierre pour construire l'église Notre-Dame, le marché Bonsecours et plusieurs autres édifices.
L'activité des carrières suscite la naissance, en 1846, du village du Coteau-Saint-Louis, aussi nommé village des pieds-noirs, puisque les carriers aimaient se promener pieds nus.
En 1848, Mgr Bourget établit une mission sur laquelle on construit une chapelle et six ans plus tard, on y bâtit l'église Saint-Enfant-Jésus-du-Mile End.
En 1864, les Soeurs de la Providence érigent, rue Saint-Denis, l'Institut des sourdes-muettes.
Toujours vers 1860 se forme le village de Saint-Jean-Baptiste. Le coeur de ce village est son marché, situé à l'angle des rues Saint-Laurent et Rachel. Fait intéressant, à la sortie du village, rue Mont-Royal, il y a un péage qui exige un droit de passage pour poursuivre sa route.
En 1863, le conseiller municipal A. A. Stevenson propose pour la première fois de transformer la montagne en parc public. Le projet prend corps et, à compter de 1872, la Ville acquiert les terrains des différents propriétaires. Le parc du Mont-Royal est inauguré en 1876, bien que les aménagements ne soient pas entièrement complétés.
À partir de 1876, le chemin de fer Montréal-Saint-Jérôme longe les carrières et donne naissance au village de Saint-Louis-du Mile End, regroupé autour de l'église Saint-Enfant-Jésus, de la maison des Soeurs de la Providence et de l'Institut des sourdes-muettes.
L'aménagement du parc La Fontaine, qui sera inauguré en 1901, commence en 1889 avec les premiers travaux de terrassement de la partie est, la plantation d'arbres et le déménagement, à l'emplacement actuel du monument à Dollard, des serres du square Viger où l'on cultive alors toutes les plantes dont on orne les squares publics. En 1890, on construit une maison pour le gardien du parc; pendant 60 ans elle est habitée, notamment par M. Bernadet et sa famille, le surintendant des parcs de la Ville.
En 1893, la ville de Montréal, qui continue de s'agrandir, annexe le village du Coteau Saint-Louis.
En 1895, le peuplement de la ville déborde à l'est du chemin Papineau et voit la création du village De Lorimier, doté de belles avenues, de trottoirs en béton et d'élégantes demeures. On y trouve, entre autres, une piste de course de chevaux réputée, qui était située à l'emplacement de l'actuel parc Baldwin.
Le XXe siècle
À compter de 1900, le Coteau-Saint-Louis est une ville cosmopolite. Des temples protestants et des synagogues y sont érigés. De nombreux commerçants s'installent sur la rue Saint-Laurent, qui devient alors la frontière linguistique entre le monde anglophone, à l'ouest et le monde francophone, à l'est.
Dès cette époque, la densité de population du Plateau Mont-Royal atteint des sommets inégalés.
En 1909, la Ville de Montréal annexe le village De Lorimier et celui de Saint-Louis-du-Mile End.
À cette époque, Saint-Louis-du-Mile End compte une vingtaine d'industries et le premier boulevard planté d'arbres de la ville, l'actuelle boulevard Saint-Joseph.
Le déménagement de l'Université de Montréal sur la montagne, en 1920, entraîne le départ de la bourgeoisie francophone et anglophone vers de nouveaux quartiers, tandis que la crise économique que connaît le pays durant les années 1930 provoque l'arrêt des constructions dans le quartier.
Pour pallier le chômage, les pouvoirs publics initient quelques grands travaux comme la construction de la clinique Laurier, la cour juvénile (aujourd'hui l'École nationale de théâtre du Canada), le chalet du parc Sir-Wilfrid-Laurier et le tunnel Iberville.
En 1962, le boulevard Saint-Joseph perd son terre-plein et ses arbres.
Depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, en 1945, le Plateau Mont-Royal continue d'être le refuge des communautés ethniques à leur arrivée au pays. Les Juifs, tout en maintenant leur place d'affaires sur le boulevard Saint-Laurent, déménagent à Outremont et à Côte-des-Neiges.
La communauté grecque les remplace, apportant avec elle l'art de la pâtisserie et de la boulangerie.
Dernières venues, les communautés portugaises et vietnamiennes. Les Portugais imprègnent les quartiers Saint-Louis et Saint-Jean-Baptiste de la chaleur de leurs pays. Les maisons vétustes sont retapées et repeintes avec beaucoup de succès.
Depuis 1980, le mouvement récent de retour à la ville attire sur le Plateau les professionnels, les artistes et les étudiants, qui en font le coeur de la vie intellectuelle et artistique québécoise.
Source : Ville de Montréal